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DE LA MARQUISE DE CRÉQUY.

En s’appuyant avec un air de sécurité sur les mémoires imprimés de Mademoiselle de Montpensier et sur le journal manuscrit du Marquis de Dangeau, Voltaire avait publié la chose du monde la plus curieusement inexplicable ; c’est à savoir que Louis XIV aurait pris le deuil à la mort de Cromwell.

Quand on va chercher la preuve de cette assertion dans les mémoires de la Princesse, on trouve qu’elle y dit précisément le contraire, et quand on a vu paraître le mémorial de M. de Dangeau, il s’est trouvé qu’il n’en disait rien du tout.

La première fois que j’aie entendu parler du Masque de Fer, c’était par Fontenelle qui venait d’en entendre parler à Voltaire, lequel avait ajouté qu’il en avait ouï parler au Duc de Richelieu, qui (disait Voltaire) avait appris la chose par le Duc de Noailles son beau-père, lequel Duc de Noailles était censé la tenir de son oncle le Maréchal de Roquelaure, ainsi que de son beau-père, M. Boyer de Villemoisson, ancien intendant de Provence. — Voilà qui est singulièrement bien arrangé, nous dit le Maréchal de Richelieu ; il est très vrai que j’ai ouï parler de cet homme au masque de fer, mais c’est uniquement par Voltaire et nullement par le Duc de Noailles. Je vous donne ma parole que celui-ci n’a jamais parlé du vieux Boyer, son beau-père, à âme qui vive !…

Ce n’était pas la première fois que nous eussions à nous moquer des contes bleus de M. de Voltaire : et quand il fut décidé que M. de ichelieu ne voulait pas autoriser cette belle imagination du masque