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DE LA MARQUISE DE CRÉQUY.

tations religieuses de l’autre, Dalembert avait fini par dire à Mme de Genlis, avec un air contraint : « Vous aurez toujours la grâce de votre côté, Madame, mais vous n’aurez pas la force. » — Monsieur, répondit-elle en souriant, les femmes n’en ont pas besoin. Dalembert composa quelques mois après, sous le nom de l’Abbé Rémy, le premier pamphlet qu’on ait publié contre les ouvrages et la personne de Mme de Genlis.

À propos des Montesson, je vous dirai qu’ils se donnaient des airs de traditions séculaires et de rancune héréditaire contre votre maison, en disant toujours que les Montesson et les Créquy étaient ennemis jurés, ce que personne ne pouvait comprendre et ce qui faisait rire tout le monde à leurs dépens. — Eh ! vraiment, nous dit un jour la vieille Comtesse du Guesclin, qui était Créquy, je me souviens très bien de leur affaire avec nous autres, et vous allez voir qu’ils ont grand tort de s’en souvenir. Elle nous dit alors qu’à l’époque où le pillage des titres s’était établi parmi la noblesse du deuxième et du troisième ordre, l’aîné des Montesson s’était emparé du titre de Marquis, que le Parlement lui fit quitter la première fois qu’il se trouva mis en cause. Je crois vous avoir dit que le dernier Maréchal de Créquy était horriblement bourru (sans être bienfaisant), et voilà qu’un jour de bataille, un jeune officier lui vint apporter une lettre dont l’écriture et la signature étaient indéchiffrables.

— Comment s’appelle le diable qui a griffonné ceci ? dit le Maréchal en jurant.

— Monsieur le Maréchal, répondit l’officier d’un