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SOUVENIRS

teau et découvrit à mes yeux une ceinture de pistolets et de poignards ; ensuite il me serra la main très affectueusement et disparut.

« Le caractère connu de Zambucco me fit prendre une confiance entière aux assurances qu’il m’avait données. Je retournai sans inquiétude à mon auberge, et j’envoyai chercher des muletiers ; il s’en offrit plusieurs, car les bandits ne leur faisaient aucun mal, non plus qu’à leurs animaux. Je choisis l’homme qui, parmi eux, jouissait de la meilleure réputation. Je pris une mule pour moi, une pour mon domestique, et deux pour porter mon bagage ; le muletier en chef avait de plus sa monture, et ses deux valets nous suivaient à pied.

« Je partis le lendemain dès le point du jour, et je ne fus pas plus tôt hors de la ville que j’aperçus des partis de la bande de Zambucco qui semblaient me suivre de loin, et qui se relayaient pour m’escorter. Vous jugez bien qu’il ne pouvait me rester aucune inquiétude.

« Je fis un voyage agréable, et ma santé se raffermissait de jour en jour. Je n’étais plus qu’à deux journées de Naples, lorsqu’il me prit envie de me détourner de mon chemin pour passer à Salerne. C’est une curiosité qui doit vous paraître assez naturelle, attendu que, pour tous les pays du monde, l’époque de la renaissance des arts est la plus intéressante de l’histoire ; on sait que l’école de Salerne avait été le berceau des sciences en Italie ; enfin, je