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DE LA MARQUISE DE CRÉQUY.

sauvé ! Un jeune homme aujourd’hui, qui sort des écoles, a moins de préjugés et réunit plus de connaissances réelles que tous les plus grands génies, je ne dirai pas seulement de l’antiquité, mais encore des siècles modernes. Oui, Messieurs, chaque année, chaque mois, chaque jour sont marqués à ses yeux également par une découverte nouvelle et par une invention utile, et le moindre avantage de notre époque n’est pas l’emploi dans le discours et les écrits de la précision philosophique qui rend à la vérité les langues moins hardies et moins figurées, mais qui leur communique et leur imprime une heureuse exactitude avec plus de sécheresse et d’austérité. »

M. Helvétius (qui n’était pas philosophe optimiste) avait fait un livre pour nous déclarer qu’il n’existait qu’un seul moyen de rendre la France heureuse, et c’était celui d’en laisser faire la conquête par un souverain étranger à la nation, parce qu’il aurait un intérêt personnel à s’occuper continuellement de son bonheur.

Quand M. Mercier, qui n’était pas moins philosophe que MM. Helvétius et Condorcet, eut pris connaissance des choses, il se mit à faire un livre pour nous indiquer un moyen de prospérité plus patriotique et moins embarrassant pour les puissances étrangères ; c’était la guerre civile, attendu qu’elle dérive du juste rigide, lorsque partie de la nation veut sommeiller dans une inaction molle.

On ne savait auquel entendre ; c’était un chaos inextricable, et lorsque nous disions qu’on devrait