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SOUVENIRS

gieuses à l’usurpation tyrannique et à l’animosité des jansénistes parlementaires.

Si le jansénisme et le protestantisme, le déisme et le matérialisme, sont quatre choses distinctes, elles ne s’en tiennent pas de moins proche ; elles sont adhérentes, elles se croisent pour se fortifier ; elles se précèdent pour se succéder inévitablement, un peu plus tard, un peu plus tôt, suivant les degrés de perversité dans l’intelligence et les volontés du cœur. Ce sont les anneaux d’une chaîne dont l’athéisme est le dernier. On ne saurait nier que la révolution française ait été préparée, produite et soutenue par les jansénistes. La constitution civile du clergé, de M. de Talleyrand, était du protestantisme tout pur. Je voudrais bien que l’Abbé Grégoire et l’Abbé de Talleyrand, l’oratorien Fouché de Nantes et le franciscain Chabot, nous disent à quel anneau de la chaîne ils se sont arrêtés ? Si je revoyais jamais le citoyen Talleyrand (lequel est aujourd’hui ministre de la république française), je le prierais de me le dire en son âme et conscience ! il me répondrait sans doute qu’il a commis un suicide moral, en immolant à son ambition son honneur et sa conscience. Il me dirait peut-être aussi qu’il est devenu tout-à-fait… Allons, par de jugemens téméraires ! il n’est question pour aujourd’hui que des suicides matériels, tristes avant-coureurs de la révolution de 89 et de la séance du jeu-de-paume !

M. de Lamoignon (l’ancien Garde-des-Sceaux) avait été passer quelques jours à sa terre de Basville. On le vit sortir du château, habillé comme