Page:Créquy - Souvenirs, tome 5.djvu/22

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.


CHAPITRE II.


Une dame de province en 1760. — Les chemins vicinaux. — Une gentilhommière du Maine. — Le mauvais gîte. — Accident de voyage et souper ridicule. — Effet d’un bon arrangement pour rétablir sa fortune. — Ruine et restauration du château de Fontenay-sur-Sarthe. — Maxime de Mme de Maintenon sur le bon goût. — Le meurtrier pénitent. — Sentence de mort contre un curé. — Sa grâce obtenue par l’auteur. — Indiscrétion de l’abbé Lamourette au sujet d’une confession de Mme de la R. — Remarque sur le secret gardé par les prêtres apostats depuis la révolution.

À son retour du Mans, le Chevalier de Créquy se passionna pour une de nos voisines qui n’avait assassiné personne, à moins que ce ne fût quelque vicomte de Jodelet en lui dérobant le cœur en tapinois ; car c’était une véritable précieuse de Molière[1]. Ce genre-là s’était perpétué dans la province, mais je crois bien que notre précieuse Mancelle était la dernière de l’espèce ; et, dans tous les cas, je n’ai jamais rien vu de plus extravagant. Je ne voudrais pas la nommer, à cause de son fils qui mérite toutes sortes d’égards, mais sa terre

  1. Elle aimait les expressions recherchées, et je me souviens qu’ayant l’intention de nous parler d’un chirurgien pédicure, elle avait dit un épicurien.