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DE LA MARQUISE DE CRÉQUY.

non-seulement à raison des propos du monde, mais à cause de l’attention du Roi, et sur toute chose, à raison de ce que M. le Duc de Penthièvre avait refusé d’employer sa médiation pour ménager entre son fils et son gendre un raccommodement qu’il ne désirait en aucune manière, et qu’il aurait tout au plus toléré sans l’approuver. Mme la Duchesse d’Orléans m’a dit souvent qu’elle n’avait jamais pu triompher de la résistance de son père, et qu’elle avait eu l’innocente bonté de s’en affliger immodérément.

Le Duc d’Orléans ou plutôt le Duc de Chartres, alors, faisait toujours, et pour toutes choses, emploi de l’espionnage, mais c’était prénotablement contre l’hôtel de Penthièvre et les deux Princes de cette maison. Il avait fini par être informé de cette passion du Duc de Rambouillet (comme on appelait dans ce temps-là M. de Lamballe) pour la fille d’un paysan ; il ne manqua pas d’en solliciter la confidence et d’applanir avec hypocrisie tous les sentiers détournés qui pouvaient aboutir à leur mariage ; car il a fait consacrer chez lui le mariage de son beau-frère, par l’Abbé Maguire, aumônier de sa chapelle, et le Duc d’Orléans avait voulu être un des témoins de ce grand acte d’exhérédation !

Quelque temps après, ses espions ne manquèrent pas de lui rapporter que le nouveau marié n’allait pas souvent à Clamart, et que Mme de Saint-Paër en éprouvait une jalousie continuelle. Il en conclut (lui qui ne ménageait rien) que M. de Lamballe était déjà fatigué de sa femme, qu’il ne manquerait pas de l’abandonner, que la chose allait arriver in-