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SOUVENIRS

sur le pavé du Roi, si crotté qu’il fût ? on conduisait la voiture de cette Comtesse en fourrière ; elle était confisquée sans contestation possible, et sans parler des amendes qu’on lui faisait payer pour ce délit héraldique, je vous dirai qu’elle en avait perdu pour environ vingt mille écus de carrosses en moins d’un an. Pour ne pas avoir l’air d’une courtisane dans la voiture d’un seigneur, à ce qu’elle disait, elle avait pris le partie de faire mettre les armes de son mari sur un losange ainsi qu’une Demoiselle, et le Juge d’Armes était obligé de convenir qu’il n’y pouvait plus rien.

Depuis la mort de son mari, Mme de Vaulx a fini par donner dans le philosophisme et par se guinder dans le bel esprit, ce qui n’empêcha pas Voltaire de composer les Vous et les Tu, à l’intention de cette Philis. J’ai vu dans un recueil de ses pièces fugitives imprimées à Amsterdam, que cette épître de Voltaire était une satire contre Mme de la Vieuville, ce qui n’a pas l’ombre du sens commun, attendu qu’aucune personne de ce nom-là ne s’est jamais trouvée dans la situation passée de cette Julier Simonnet. Voltaire y a fait depuis ce temps-là plusieurs variantes, mais voilà les Vous et les Tu, comme je les tiens directement de l’auteur, avec la date de 1768.

« Philis, qu’est devenu ce temps
« Où, dans un fiacre promenée
« San valets, sans ajustemens,
« De tes grâces seules ornée,
« Contente d’un mauvais soupé