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Page:Créquy - Souvenirs, tome 6.djvu/43

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elle espérait avec raison pouvoir se cacher avec a moins de difficulté ; mais ayant conçu des inquiétudes au sujet d’un secrétaire du Prince Courakin, Ambassadeur du czar, qui l’avait regardée d’un air observateur et surpris, elle partit brusquement pour la Louisiane, accompagnée de ce domestique, qu’elle faisait passer pour son père, et d’une femme livonienne dont personne ne pouvait entendre le langage, et qui ne pouvait d’ailleurs commettre aucune indiscrétion, parce qu’elle ne savait ni lire ni écrire. Tout donne à penser aussi que cette femme ne la connaissait pas autrement que pour être la fille de cet Allemand qui portait le nom de Wolf.

« À son arrivée dans cette colonie française, elle excita la curiosité de tous les habitants. Sa fortune avait l’apparence d’une honorable médiocrité. Sa conduite était non seulement régulière, mais édifiante, et M l’évêque de Québec en fit L’objet d’une remarque dans une de ses dépêches à M. de Maurepas.

« Un officier français, nommé le Chevalier d’Aubans, croit la reconnaître. Il avàit été deux ans plus tôt solliciter de l’emploi à Saint-Petersbourg, et quand il était allé par curiosité dans la chapelle du palais, l’air mélancolique et malheureux de S. A. R. l’avait tellement frappé, que son image lui était incessamment présente. Tout incroyable que lui paraît cette vision, il ne peut douter de sa réalité. Il a la prudence et la discrétion de ne rien témoigner à la princesse,