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DE LA MARQUISE DE CRÉQUY.

semblée nationale, ainsi que de faire entendre des réclamations contre ses décrets !

Je vous assure au nom de l’assemblée que j’ai l’honneur de présider (c’est M. Le Pelletier de Saint-Fargeau qui répond à ses gens de Seine-et-Oise) ; je vous assure, Messieurs, que l’Assemblée nationale est on ne saurait plus sensible aux sentimens que vous venez d’exprimer !

Enfin, s’écria un jour le député Reubell, voulez-vous que la nation soit riche ? faites ce que je vais vous dire. Allez puisez dans les trésors et les coffres-forts de l’aristocratie et des financiers, et prenez ce qui s’y trouvera ; c’est là, vous dis-je, et c’est uniquement là, que vous trouverez ce qui est indispensablement nécessaire aux besoins et au bonheur de la nation !

Tous les honnêtes gens du royaume en firent un cri d’indignation ! Les patriotes s’aperçurent que cet orateur anarchiste et maladroitement sincère avait été trop loin pour le moment, et ceci détermina M. Garat à nous déclarer, dans son Journal de Paris, que cette proposition du citoyen Reubelle était une erreur de la vertu. Pendant ce temps-là, M. Camus, qui avait été réintégré dans ses fonctions de président, se refusait à haranguer la ci-devant Reine, attendu que depuis l’émancipation nationale, il ne voyait en elle que la femme du Roi, et deux mois plus tard, on voyait dans le journal de M. Camille Desmoulins, que si le pouvoir exécutif s’avisait de le prier à dîner, il le refuserait, ne fût-ce que pour lui faire voir que tout le monde était l’égal du citoyen Capet l’aîné, ainsi que de madame Véto, son épouse.