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DE LA MARQUISE DE CRÉQUY.

je n’ai pas eu l’intention d’y comprendre le Duc de Choiseul, qui ne se serait pas conduit différemment s’il avait agi de concert avec le Duc d’Orléans et les autres ennemis du Roi, pour faire manquer l’entreprise. Il avait écrit (sans commission ni permission de le faire) à tous les chefs de tous les détachemens qu’on avait échelonnés sur la route du Roi, de manière à leur faire supposer qu’il ne fallait plus s’attendre à voir arriver personne ; M. de Damas n’en tint compte, parce qu’il savait à quoi s’en teni sur la pauvre tête et le peu de jugement de ce donneur d’avis, de sorte que le détachement qui se trouvait à Clermont n’en fit pas moins son office d’escorte ; mais M. d’Andoins, se crut obligé de faire desseller tous les chevaux, et d’envoyer dormir tous les cavaliers du détachement qu’il commandait à Sainte-Menhould, en sorte qu’ils ne purent arriver à temps jusqu’à Varennes, où la présence de ces fidèles soldats aurait infailliblement déterminé l’inaction du peuple et la libération de la famille royale. Ce pauvre d’Andoins en est mort inconsolable ; — je ne connaissais de ce Duc de Choiseul, nous disait-il, que le nom qu’il porte et qu’il doit à sa femme. — Hélas ! s’écriaient tous les Choiseul de la nature (en gémissant à double intention), c’est un nom qui se trouve bien mal porté !… Toujours est-il que ce malheureux Choiseul éprouve continuellement une agitation pour faire, avec une impuissance d’opérer