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DE LA MARQUISE DE CRÉQUY.

avait dans l’opinion générale, était comme une sorte de rémunération publique à la gloire des honnêtes gens, et ce digne M. de Létang est un personnage dont je me rappellerai toujours l’existence avec un sentiment de vénération.

Il avait marié sa nièce avec un jeune Maître des Requêtes, appelé M. de Pastoret, qui était membre de l’Académie des inscriptions, et dont M. de Belloy, l’Évêque de Marseille, était l’ami d’enfance. Celui-ci nous disait toujours que cette famille était provenue d’un illustre personnage, appelé Jean Pastoret, qui fut un des Régens de France, sous Charles VI, et dont on voit la tombe à l’abbaye royale de Saint-Denis, honneur qui n’a jamais été partagé que par Bertrand du Guesclin, Tanneguy du Chastel et le grand Turenne. Il paraît que cette descendance n’était pas une prétention déplacée ; car elle avait été reconnue par les commissaires aux États de Provence, où ceci n’avait pas manqué d’inspirer une juste considération poour la naissance de MM. de Pastoret. Ils ont des armes très singulières, et la première fois que j’en vis l’empreinte, en recevant une lettre de M. de Pastoret, lequel était devenu Procureur-Général de Paris, j’observai qu’elles étaient semblables à des armoiries que j’avais remarquées sur un pilier de l’église de Saint-Denis, et qui ressemblaient à une églogue. Je me souviens aussi que ce bon M. de Létang se trouvait émerveillé de ma science, et ne pouvait s’expliquer cette sorte d’érudition.

Malgré ma bonne intention de parvenir directement à Nicolas Bézuchet, vous voyez que je me laisse dérouter, et que je m’arrête à chaque pas de