Page:Créquy - Souvenirs, tome 7.djvu/18

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La culture des lettres, la société des savans, leurs suffrages, ce ton d’afféterie prétentieuse et particulière à la littérature française, à l’époque où Mme de Beauharnois commençait à écrire, ne purent jamais influer sur sa simplicité naturelle et sur son dégoût pour l’incorrect et le précieux. Elle a toujours évité la recherche en toute chose ; et l’on trouve encore aujourd’hui dans sa conversation toutes les grâces de la naïveté.

Les romans, les poésies, les lettres familières et la conversation de Mme de Beauharnois, ont toujours été, pour le bon esprit et le bon goût, dans une harmonieuse concordance, et l’on y reconnaît toujours cet accent de bonté qui part du cœur.

Le premier ouvrage qu’elle publia sous le titre des Amans d’autrefois est un roman plein de grâce et de sensibilité mais un peu timide, assez tiède et passablement innocent, ainsi qu’il appartenait alors aux premiers essais d’une jeune femme ; l’Abeylard supposé, que Mme de Beauharnois préfère à ses autres ouvrages est bien certainement un chef d’œuvre de goût, de délicatesse et de sentiment généreux. Je pourrais vous dire, en causant, comment il y a du vrai dans le fond de cette anecdote. Plusieurs volumes d’opuscules ont témoigné quelle était la flexibilité de son esprit et la finesse de ses observations, mais il me semble que le roman de Stéphanie porte un cachet de supériorité véritable ; le plan de ce charmant ouvrage est vaste et bien rempli ; l’intérêt s’y trouve habilement ménagé, fortement soutenu ; les situations y sont aussi variées que les caractères y sont naturels et vraisemblables ;