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SOUVENIRS

trat : ce que j’acceptai sans la moindre hésitation, parce que c’était l’habitude de MM. de Créquy à l’égard de leurs domestiques et des parens de leurs domestiques qui n’étaient pas gens de livrée.

Il y eut un malentendu pour le jour et l’heure où je devais donner ma signature ; j’étais à Versailles, ou je ne sais pas quoi. On voulut bien se contenter de faire signer ledit contrat par Madame votre mère et par mon fils, et je n’y songeais plus du tout, lorsque Dupont vint me supplier d’accorder une audience à Mme Roland de la Plattière.

— Qu’est-ce que c’est ? et qu’est-ce qu’elle me veut?

— Mais, Madame, c’est Manon Flipon qui a épousé un monsieur du Bureau du Commerce de Lyon ; une place superbe avec quatre bonnes mille livres de rente en fermes, et une maison de campagne dans le Forez. comme Madame n’a pas signé leur contrat, ma nièce a pensé que Madame aurait peut-être la bonté… — Vous pouvez lui dire de venir ; je la verrai.

Mme Roland de la Plattière était le plus belle personne du monde. Elle était bien tournée, bien faite et bien mise, avec une élégance modeste. Son visage éblouissait de fraîcheur et d’éclat, comme un bouquet de lys et de roses (je vous demande pardon pour cette comparaison qui est surannée, mais c’est que je ne sais rien pour la remplacer ; et du reste, celui qui a dit pour la première fois qu’il n’y a pas de roses sans épines, avait dit une chose charmante !) Son visage était admirablement régulier pour les traits et pour son contour du plus bel