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DE LA MARQUISE DE CRÉQUY.

commère et qui n’a pas froid aux yeux, disaient les gens du peuple qui se trouvaient à l’audience, et ce qui pourra vous surprendre à cause de la disposition générale des esprits, c’est que lorsqu’elle a eu fini de parier, elle a été couverte d’applaudissemens. — Mais c’est donc un filou et un escroqueur d’orphelins, c’est un voleur d’enfans, disaient les jurés sans se retenir le moins du monde, et du reste le filou dont il s’agit n’était pas dans la salle, il se tenait dans un couloir, où Dupont nous dit qu’il avait un air des plus interloqués. Cependant le citoyen Faure a prétendu qu’il était indispensable à lui de nommer un avocat d’office pour Mme votre mère et pour vous (à qui je suis prié de faire savoir, par parenthèse, que le fils de Mme de Créquy passait dans l’esprit des auditeurs et sur les bancs des jurés, pour être un petit bon homme de sept à huit ans), parce que, disait le même substitut d’accusateur public, il y avait des moyens de droit qu’il fallait plaider, et que les parties civiles ne pouvaient les invoquer, faute de les connaître. — Nommez donc un avocat d’office, a répondu la Marquise, et voilà qu’il est sorti de sur les bancs un grand diable de Gascon, nommé Coste, qui paraît avoir été le plus étrange orateur de la bazoche, et sur lequel Mme votre mère ne tarit pas. — Messieux, et je dirai plus, cito-iens, disait-il à Faure et à ses adhérons, au conspect d’une éspoliation pareille, on en reste comme une éstatue !! Il a parlé d’étantative éscandallûse environ cent fois, et du reste il a parlé comme un honnête et digne homme à qui N. D. des Victoires enverra demain matin un rou-