Page:Créquy - Souvenirs, tome 7.djvu/34

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vait annuellement quatre cent trente mille livres, afin de les distribuer en bonnes œuvres, et l’on n’était pas content mais ce n’était pas cette sorte d’iniquité qui l’affligeait. Votre bonne Dupont n’aura pas manqué de vous raconter comment elle avait conduit Mme Roland sa nièce, aux funérailles de ce grand Prélat. — Ce pauvre monseigneur ! disaient des femmes du peuple en le regardant sur son lit de parade, si on lui demandait un louis d’or, ça serait capable de le faire revenir… On s’amusait un jour à calculer que depuis son entrée dans l’épiscopat jusqu’à l’époque de sa mort, il avait dû lui passer par les mains sans qu’il en restât rien à ses doigts, environ deux cents millions de livres tournois. Il aimait tendrement son neveu qui n’a pas douze mille livres de rente, et voilà sa plus belle oraison funèbre.

Aussitôt que Mademoiselle de Saint-Remy-Valois avait pu dérouler sa belle généalogie elle avait obtenu deux pensions sur la cassette de la Reine et celle de Mesdames et de plus M. de Penthièvre avait fait placer son frère en qualité d’enseigne de marine, avec une pension de cinquante louis sur les fonds de l’amirauté. Il a toujours été fort bon sujet, et à l’époque du procès de sa sœur, il était déjà lieutenant de vaisseau.

Après cette infâme exécution de la marque, du fouet et de l’amende honorable, vous pensez bien que ce malheureux jeune homme a dû quitter le service du Roi ; mais notre bon Duc de Penthièvre n’en a pas moins continué de lui faire payer une pension de quinze cents livres, avec laquelle il est