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DE LA MARQUISE DE CRÉQUY.

sine, il n’y a de parfaitement bon que ce qui est bien fait.

À l’exception du Comte de Saint-Priest, il n’était pas un homme dans le conseil des Ministres ou dans les conseils privés qui fût en état d’ouvrir un avis salutaire et de porter un secours efficace à la monarchie.

Le Comte de Montmorin n’avait que des qualités négatives ; il était déplaisant par excès d’insignifiance, et du reste il était avili par la souplesse de ses résolutions, dont le mobile avait toujours été le quant à moi.

Avec certaines qualités dangereuses, le Ministre de la guerre avec des défauts qui ne l’étaient pas moins, et quant à son bras droit, le Maréchal de Broglie, lequel était abhorré de l’armée, je vous dirai surabondamment qu’il était l’homme du monde le plus fâcheux et le plus ridiculement insupportable. C’était à raison de sa dévotion désobligeante, et de la gaucherie de son affectation rigoriste, à cause de sa témérité suffisante, et principalement à cause de son arrogance à laquelle personne ne voulait accéder.

Le Comte de la Luzerne était un homme d’esprit, de conscience et de spécialité (mot nouveau), mais il ne s’entendait qu’à la marine, et ne voulait s’occuper que de la marine. Assisté du Chevalier de Bausset, Lieutenant-Général des armées navales et très habile homme de mer, ils auraient opéré des merveilles administratives en temps ordinaire ; mais vous pensez bien qu’il ne suffisait pas du Comte de Saint-Priest et du Chevalier de Bausset pour tenir