Page:Créquy - Souvenirs, tome 9.djvu/183

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(par ordre de Louis XV, mon père) d’épouser en secondes noces, Jacques-Charles-Alphonse, marquis de Crequy, environ l’année 1724, et avec ordre audit marquis de reconnoître pour ses enfans et pour ses légitimes héritiers tous les enfans nés et à naître, présens et à venir, que pouvoit avoir eus et que pourroit encore avoir la dite princesse de Montmorency, etc. Si, dis-je encore, je n’ai point fait mention de toutes ces choses, non plus que des raisons qui engagèrent la princesse de Schitzemherg et de Freyberg en Empire, d’adopter ma mère pour sa fille et son héritière universelle ; voici en abrégé les légitimes raisons de mon respectueux silence sur toutes ces choses :

Premièrement, c’est que Louis XV me reconut et me légitima l’année 1774, au mois de mars, en m’assurant un apanage et 500,000 livres de pension ; mais Louis XVI, quoiqu’il me reconnût en 1782, m’ordonna pourtant, de bouche et par écrit, de ne me qualifier que du nom de Crequy ; de réclamer mes biens paternels et maternels sous ce nom ; puisque Louis XV, mon père, avoit ordonné à Jacques-Charles-Alphonse marquis de Crequy et second époux de ma mère, de reconnoitre pour ses légitimes enfans et héritiers, dès les années 1724 et 1737, tous les enfans présens et à venir de ladite princesse de Montmorency, ma mère [illisible] que tous les biens provenoient d’elle et du roi mon père ; le tout sous peine de toute l’indignation de Louis XVI et de la perte de ma vie ou de ma liberté ; ce furent les propres termes et menaces de Louis XVI et du maréchal duc de Noailles, ainsi que du duc d’Orléans et de Madame de Montmorency-Luxembourg, par ordre exprès de Louis XVI, aux mois de mai, juin et juillet de l’année 1782, que je me rendis en cour de France et au parlement de Paris, pour la réclamation de mes droits, titres, biens, états et autres, prétentions légitimes.

Secondement, que mon obéissance et soumission aveugles aux ordres de Louis XVI, et vu les flatteuses et justes espérances que ce monarque me donna alors, m’ayant paru comme sacrées et inviolables (vu le despotisme) bien que je pourrois me plaindre et prouver que le roi, ses frères et la reine, ont abusé de ma trop grande confiance et bonne foi, puisque, quelques semaines après, ils se liguèrent avec mes ennemis pour me faire périr dans un cachot affreux de Prusse, chargé de chaînes, sous un nom emprunté qu’ils me donnèrent et de faux crimes dont il me couvri-