Page:Créquy - Souvenirs, tome 9.djvu/186

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Réponses du roi, de la reine, de messieurs ses frères et des ministres.

M. Thiery, valet de chambre du roi me dit de m’adresser à M. de la Porte, intendant de sa majesté.

M. de la Porte me dit de m’adresser à M. de Josselin, intendant de la maison de la reine, ou bien à M. de Lessart, ministre de l’intérieur.

MM. de Lessart, de la Porte et de Josselin, après m’avoir renvoyé de Pilate à Hérode, dirent que mon affaire étoit ou devoit être renvoyée à M. de Montmorin vu que ma cause et mes demandes étoient une affaire d’État ; que cependant ils rafraichiroient la mémoire au roi et à la reine, touchant mes justes plaintes et demandes ; mais qu’ils me conseilloient, en attendant, de voir souvent M. de Josselin.

Enfin, après m’avoir renvoyé de Pilate à Hérode, comme ci-devant dit, M. de Josselin me dit de bouche, en présence de témoins, que le roi, et encore moins la reine, ne pouvoient guère avoir égard à mes demandes pécuniaires, vu que la reine ne pouvoit plus ce qu’elle avoit pu autrefois ; que le roi, ayant été obligé d’envoyer dans les pays étrangers, plus de 18 millions pour le soutien de ses tantes, de ses frères et de plusieurs milliers de ses plus affidés sujets, pensionnaires et expatriés, étant obiglé de faire encore de plus grands emprunts pour les mêmes causes, il ne lui restoit que sept millions de revenus, et la douleur de me renvoyer à l’Assemblée Nationale qui avoit pris sur son compte toutes les dettes de l’État, de lui et de ses frères, et dont mes demandes faisoient partie.

Quoi, Monsieur, lui dis-je, n’ai-je pas plus de droit aux bienfaits du roi, que tous les émigrans dont le roi et vous parlez ! M. Josselin, avec feu : — mais, Monsieur, les émigrans ou aristocrates (tels qu’il vous plait de les nommer avec le reste de la crapule françoise) sont pourtant les plus zélés et seuls vrais fidèles sujets du roi ; ainsi, souffrez, qu’ils aient la préférence sur vous aux bienfaits du roi et de la reine, etc. Sur cela, il me donna le billet qu’on trouvera ci-inclus, et me conduisit assez brusquement à la porte.

Nota. Toutes mes lettres et requêtes, ainsi que les réponses, sont ci-après,