Page:Créquy - Souvenirs, tome 9.djvu/207

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ces faits ; car j’eus l’honneur de les lui prouver en 1782 ; mais il me refusa la continuation de toutes mes pensions de Louis XV, et des pensions de huit cents louis que m’avaient encore assurées à perpétuité, savoir : la reine défunte, deux cents louis, Louis XV, deux cents louis, Mme la dauphine défunte, cent louis, Mme la princesse Louise défunte, ma sœur, cent louis, le tout pour récompense de ce que j’avois sauvé la vie à la susdite reine, ainsi qu’à M. et Mme la dauphine, et toute la famille royale qui existe aujourd’hui, et cela, par un complot qui avoit été tramé contre eux, et que je leur découvris alors ; cet évènement étant trop long et inutile à rapporter ici, je me tais. — Louis XVI, en me privant de toutes mes pensions, me défendit aussi, sous peine de la vie, de ne jamais me qualifier autrement que de marquis de Crequy ; c’est pour cette raison que dans ma première pétition, je n’y ai pris que la qualité d’Alexandre de Crequy.

La Reine actuellement régnante ne pourra pas se refuser d’attester qu’elle m’arracha elle-même de la main de mes tyrans, de mes bourreaux, lorsqu’en 1768 ou 1769, ils m’avoient emprisonné à Châlons en Champagne, d’intelligence avec M. de Juigné, évêque dudit diocèse, M. Rouilé d’Orfeuil, intendant de ladite ville, et son secrétaire, le sieur Gauthier, pour me faire mourir innocemment, ou m’envoyer aux îles, pour se débarrasser de moi ; ladite reine protesta la mort de tous mes tyrans et persécuteurs ; c’étoit lors de son passage en ladite ville, et même année ci-dessus dite, pour aller épouser Louis XVI ; mais lorsqu’elle fut une fois en cour de France, et surtout depuis qu’elle est sur le trône, elle oublia toutes ses promesses, et abandonna l’infortuné Bourbon-Montmorency à son malheureux sort ; elle fit plus encore, car elle se joignit, elle, et le comte d’Artois, à mes persécuteur… MM. les ci-devant marquis de Bagueville, M. de Brock, grand prévôt de la maréchaussée de Châlons-Champagne, et autres illustres témoins dignes de foi attesteront ce fait.

Messieurs frères du roi, la maison d’Orléans, la maison de Conty, la maison de Guémenée, les maisons de Rohan, et nombre d’autres illustres maisons, contribuèrent plusieurs fois, et en différens temps, à me faire arracher des cachots, et de la main de mes bourreaux, où la cabale des Blanchefort, des dames de Crequy et leurs complices, d’intelligence avec les ministres d’État, avoient resolu de me faire périr, tant en France, que hors du