Page:Créquy - Souvenirs, tome 9.djvu/210

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cher la tête dans mon cachot ; Louis XV ignorant alors que c’étoit son fils qu’il condamnoit innocemment à mort.

M. Manuel, syndic de la commune de Paris, rue Serpente.

M. Thobillon. Juge de paix et député à l’Assemblée Nationale, rue des Fossés-St-Marcel, n° 12. Le frère dudit sieur Thorillon et son camarade étant exempts de l’hôtel du roi à Versailles, furent lever tous mes titres tant Lyon qu’à Paris, et forcèrent mes tyrans à me rendre ma liberté, avec promesse de me restituer, tous mes biens, lorsque Blanchefort, soi-disant Crequy qui étoit mon subrogé tuteur, lui et plusieurs dames de Crequy, d’intelligence avec le duc d’Aiguillon, alors premier ministre d’État, et plusieurs autres ministres, leurs complices, m’avoient fait enfermer par lettres de petit-cachet, le 27 janvier 1774 en la prévôté royale de Versailles, d’abord avec le premier dessein de m’y faire mourir de misère, et sous les coups ; puis après et par réflexion pour se débarrasser de moi plus promptement, ils subtilisèrent un ordre signé Louis XV, pour me faire ouvrir les veines, en me donnant un faux nom, et me supposant de faux crimes ; une espèce de miracle trop long à rapporter ici, me sauva la vie, et le maréchal duc de Noailles, pour lors gouverneur de Versailles, ayant été instruit de cette atrocité et de la complicité du juge, sieur Davaut, et son greffier, avec toute la cabale de blanchefort, et des dames de Crequy pour me faire anssi innocemment périr, le susdit duc ayant déjà été averti de ce fait, dis je, par le chirurgien qui avoit été ordonné pour m’ouvrir les veines, il envoya aussitôt un ordre avec des gardes et une chaise-à-porteur pour m’enlever de force d’entre les mains de mes bourreaux, on me trouva moribond, et en vertu du dit ordre, les gardes et le susdit chirurgien me firent transporter en la maison de la charité hospitalière de Versailles, où l’on me rappela heureusement à la vie ; et après parfaite guérison, le prince duc des Deux-Ponts, mon parrain, d’intelligence avec les dames hospitalières et plusieurs gardes-dy-corps qui étoient comme moi, convaiescens en la susdite maison de charité, me firent passer en Angleterre en me déguisant d’abord sous l’habit de fille, puis sous celui de juif, afin de tromper les espions qu’on avoit mis après moi ; c’est en cet état que j’arrivai à Londres adressé au juif sieur d’Acostat, Joseph-Abrabam, au lord Maire, au comte Desland, et autres grands de la cour d’Angleterre, ainsi qu’à M. l’Ambassadeur de