Page:Créquy - Souvenirs, tome 9.djvu/34

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Nous avvons donc vous dévoiler ce qu’il est important que vous appreniez aujourd’hui, ce qu’il eût été dangereux de vous découvrir hors de saison. Nous allons vous faire connaître les motifs qui nous avaient amenés à conclure un traité où nous avons mis de notre côté la foi, la loyauté la plus honorable, où les députés de la Convention, soi-disant nationale, n’ont apporté de leur côté qu’impiété, fourberie, parjure et projets d’assassinat.

« Le sang humain coulait depuis long-temps dans notre pays, et c’était du sang français. Chacune de nos victoires avait été pour nous un jour de deuil, chacun de nos triomphes avait fait couler nos larmes ; mais forcés de défendre nos droits les plus sacrés contre des tigres altérés de notre sang, nous nous trouvions dans la nécessité de nous battre contre des frères que des tyrans impitoyables envoyaient inonder nos provinces. Vous l’avez vu, vous l’avez éprouvé vous-mêmes, ô nos braves camarades ! on voulait nous empêcher d’adorer Dieu, notre créateur. On avait assassiné notre Roi, on avait massacré nos femmes, égorgé nos pères et nos enfans, incendié nos maisons, dévasté nos champs, enlevé tout ce que nous possédions au monde, et notre patrie ne devait plus être que notre tombeau. Nous adorions celui qui créa le ciel et la terre ; la Convention ne reconnaissait un Dieu que pour l’outrager. Nous aimions le Monarque qui nous appelait ses enfans, et qui ne détournait jamais sa pensée bienveillante et ses regards paternels de