Page:Créquy - Souvenirs, tome 9.djvu/37

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Le plus pénible de tous les efforts que nous avons faits depuis deux années, nos braves camarades, a été de recevoir au milieu de nous des assassins, dont les mains sacriléges dégouttaient encore du sang de vos femmes et de vos enfans mais le bien de la patrie l’ordonnait, nous avont consenti à écouter vos bourreaux.

« Nous vous avons fait connaître dans le temps les conditions que nous imposâmes à cette époque a la Convention ; mais nous ne pûmes vous dire alors les conditions secrètes auxquelles elle s’obligea, et sans lesquelles les soi-disant représentans du peuple n’eussent jamais approché de nos drapeaux.

« Le comité de salut public nous fit promettre solennelement, par l’organe de ses envoyés, que la religion catholique et la monarchie seraient rétablies en France avant le 1er juillet. Sur la défiance que nous inspirait une époque aussi éloignée, nous ne voulions ni suspendre les hostilités, ni entrer en accommodement. Mais les soi-disant représentans du peuple nous dirent et nous persuadèrent que, pour amener l’opinion publique au retour des choses que nous désirions, pour ne laisser aucune réponse, aucun espoir aux jacobins, il fallait préparer la nation à demander elle-même la royauté ; que des invitations secrètes seraient faites à cet effet dans tous les departmens ; qu’on était sûr qu’elles seraient favorablement accueillies et même avec enthousiasme ; que dans le cas contraire (ce qu’on supposait à peine possible) le comité de salut public s’engageait à