Page:Créquy - Souvenirs, tome 9.djvu/76

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cendre… — Elle était belle comme le jour ! disait cette folle, et voilà Margoton qui, l’emporte en lui cachant la tête avec son mantelet. La seule chose qu’on put en découvrir judiciairement, c’est que c’était une ancienne protégée de Mme Neckcer de Mme de Staël.

Elle avait été déposer la petite fille chez un marchand de chiens qui logeait du côté de Montmartre et qui s’appelait Frouley. Comme, on avait écrit Froulay dans leur acte d’accusation c’est en faveur de ce nom-là que j’avais pris garde à cette affaire. Elle avait payé deux mois de pension pour ce bel enfant du ministre, à trois sous par jour, ainsi qu’elle aurait fait pour un petit chat, et ce fut au bout de ce temps-là qu’elle écrivit au citoyen Frouley pour lui conseiller de renvoyer la petite pensionnaire à son papa qui était ministre de la république. Voyez quel temps et quelles gens !

Quand on voulait obtenir le divorce, il était suffisant de présenter une requête en incomptabilité d’humeur, et le mariage ne consistait pour tous ces nouveaux enrichis que dans un échange de femmes. Les personnes connues qui ont profité de cette loi révolutionnaire étaient en bien petit nombre. Il y eut d’abord la Duchesse d’Aiguillon, la Marquise de Fleury, Mme de Valentinois, la Vicomtesse de Laval et la Comtesse de la Galissonière, ce qui n’étonna personne. Il en eut encore une autre dont le mari, les parens et les amis sont inconsolables. Je ne vous la nommerai point, parce que c’est le seul scandale qu’elle ait donné pendant toute sa vie. Je désire, qu’elle puisse être heureuse