Page:Crevel - Êtes-vous fous?, 1929.djvu/102

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cils de Yolande. Quasi incolores, ses yeux se sont éclairés d’un feu qui n’est certes pas de joie. Vagualame oppose deux gouttes d’azur pâle, regard dédaigneux du si proche incendie, sans doute non moins bien ignifugé qu’un ciel de quatorze juillet, mais qui ne saurait tout de même servir de fleuve-frontière entre lui et celle qui l’arracha au brouillard, cet après midi, rue des Paupières-Rouges.

Yolande n’est plus la simple survivante de Myrto-Myrta, la paradoxale mais encore humaine ressuscitée dont les épaules, la poitrine exsangues s’épanouissaient, sirène de marbre, hors des flots de tulle pailleté noir. Yolande, soleil d’incendie, déchire, creuse la nuit, et Vagualame retrouve, ruines et décombres, tout son passé. Yolande, elle. mériterait de s’appeler Mémoire. Vois, Vagualame, l’herbe sèche des minutes, les savanes embrasées du désir et surtout ces grands arbres, trop souvent léchés par la langue de feu, les rêves, que ton orgueil, de ses mains, a bâtis. Paysage calciné, charbonneux et à vif cependant, comme, après les brûlures, le bois et la chair. Et puisqu’il faut