Page:Crevel - Êtes-vous fous?, 1929.djvu/141

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celles à naître et dont votre enfance redoutait qu’ils vinssent vous ravir ce que de l’affection maternelle vous estimiez votre dû. Vous secouez la tête ? Vous n’avouerez pas, et voudriez abuser les autres comme vous vous abusez vous-même, en toute inconscience, certes, je l’admets, lorsque vous prétendez avoir préféré et préférer encore au frère aîné les sœurs qui vous sont puînées. Mais commençons l’analyse. Je prends un crayon, du papier, m’installe derrière vous. Alors, selon la méthode que vous n’ignorez point, parlez, énoncez, sans contrôle aucun, ce qui vous passe par la tête. Une seconde, s’il vous plaît. Oubliez ma présence. Je vous écoute.

— Inutile, docteur. Je n’ai jamais rien pu dire, même de fort composé, à qui n’était point dans le champ de mon regard. Le subconscient n’est point petite fille autruche. Une présence lui arracherait, peut-être, son secret. Une embuscade, jamais. Iriez-vous de gaieté de cœur dans une rue déserte et mal famée, la nuit, si vous étiez sûr que, derrière la palissade des terrains vagues, d’invisibles crapules sont là