Page:Crevel - Êtes-vous fous?, 1929.djvu/146

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trop souvent orgueilleuse de l’individualisme bluffeur qui oppose les créatures les unes aux autres pour la vaine joie des psychologues, romanciers mondains et l’espèce multiforme des amateurs de potins et de ragots. Le Salut n’est nulle part, ne sera nulle part, tant qu’on le croira pour quelques-uns et non pour tous. Le vieux savant de Vienne qui a montré aux hommes les silhouettes nues que dérobaient, pour la plus funeste confusion, les draperies compliquées des ancestraux et vains fantômes, son admirable parole n’aura d’effective valeur que le jour où la foule, la tourbe, la canaille, comme vous dites, après en avoir dépossédé les snobs et l’égrillarde théorie des rationalistes conservateurs qui singent l’audace, cette foule, cette tourbe, cette canaille s’affirmeront assez agressives, assez inexorables pour s’en pourvoir envers et contre tous, car même la connaissance est au prix du sang, et qui veut l’acquérir doit, après avoir dénoncé des mythes tels que celui de l’instruction pour tous et mille autres de la même farine, mettre hors d’état de nuire ceux qui, ayant dispensé de faux bienfaits,