Page:Crevel - Êtes-vous fous?, 1929.djvu/163

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confondu par le saint exemple des siens et surtout celui de sa sœur aînée, créature d’élite, dont la vertu venait d’être célébrée (tiens, comme on se retrouve) tout au long de Cœur de goitreuse.

Dernier né, enfant de vieux, sans doute était-il d’un sang plus pauvre, puisque, le seul de toute la chaletée, il demeura sans goitre. Sa mère, qui le considérait comme quelque peu infirme, n’aurait certes pas continué à l’entourer de douce pitié si elle avait imaginé quelles tentations le tenaient éveillé, la nuit, le cœur battant à l’unisson du coucou national, dans son petit lit blanc. Peut-être, lui-même, à force de lutter, aurait-il fini par étouffer la voix des sens, si la fatalité n’avait voulu qu’un beau jour s’amenât pour passer le temps de ses vacances un cousin de Zurich.

Le Zurichois, très gandin, fait grosse impression, grâce à des gants beurre frais, qu’il ne quitte, et tout juste, que pour manger et dormir. Amoureux du dandy et des gants, le petit montagnard emmène le tout en promenade, et quand il y a quelques sapins entre eux et la demeure