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ÊTES-VOUS FOUS ?

de même plus jamais leur permettre de se mêler de ce qui ne les regarde pas. Donc ne toucher ni aux pistolets ni aux nombres qui partent tout seuls. Déjà les courants d’air ne lui ont pas si bien réussi à ce garçon ! Il aimait le vent à la folie. Prétexte à de jolis symboles. Mais un citadin n’a guère de tempêtes à sa disposition. Pour traduire, à coups moyens terrestres, l’ouragan, il a laissé portes et fenêtres battantes. D’où un méli-mélo pulmonaire. La carcasse ne fut jamais bien fameuse. Maintenant il a la fièvre, il tousse… Il exècre cette rauque chanson, qui, d’ailleurs, a dû finir par réveiller la Pythonisse, puisque se traînent des savates de l’autre côté de la porte qu’on ne tarde plus à ouvrir.

L’homme prévient qu’il déteste le passé, et le présent. Il n’est venu que pour le futur. Il fait le vide en soi. De ce qu’il fut, de ce qu’il est, survit, seule, une frénétique fringale d’imaginer. Il ferme les yeux afin que nulle vision trop actuelle ne s’interpose entre l’avenir et ses paumes.

Le livre des mains et de la destinée, elle sait