Page:Crevel - Êtes-vous fous?, 1929.djvu/200

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fatigues la géante à peau de pierre et souffle d’adolescente.

Cette peau, ce souffle, nulle épreuve ne les altère, même là-bas, au nord, où la tristesse, la faim, l’angoisse, toute la sainte journée, secouent leurs tapis.

Pourtant la misère, cette carne, elle tape à grands coups de marteau sur les crânes, elle creuse ses galeries, la gale, et vire virus, écorche, diablesse, d’un ongle empoisonné la fragile peau de terre, sous le poil verdâtre des squares, moud son poivre, verse son vitriol entre les cuisses des faubourgs. Alors au fond des cabarets, les mains dans les poches de pantalon, l’enfance se gratte au sang. Il n’y a pas seulement l’internationale prostitution des faux matelots, des faux petits garçons en maillots cycliste, mais aussi celle, obligatoire, des gosses qui ne veulent pas mourir de faim, et, dehors, grelottent, pour de vrai, sans une chemise entre la vieille veste de mauvais drap et les épaules, le dos, la poitrine.

Dans les bars qui les recueillent, au soir tombant, ils ont mal à la tête, à cause de la