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ÊTES-VOUS FOUS ?

quoi le lanceur à respiration étroite et cœur sourd étrangle tout ce qui n’est pas le rythme pour une minute élu, celui autour de qui tant de solitudes par-dessus les murs embrouillaient leurs branches agressives, ne voulut même pas être une herbe, l’herbe la plus pâle, sous ces tropiques glacés de l’égoïsme.

Son perpétuel silence, que ne hérissait nul orgueil, méprisait aussi l’artifice de soi-disant résignations, toujours certaines, en arrière-pensée, que l’esprit vengera le corps.

Pour lui, à l’heure du repos forcé, sur le balcon-alvéole, entre veille et sommeil, le flot des sapins soudain creusé jamais ne fut symbole de quelque merveilleux talion. Des trous, parmi les vagues d’ombre déferlant jusqu’au soignoir, rien ne pouvait surgir qui fût, en lyrisme ou grandeur, complémentaire de la déchéance charnelle, comme, du rouge, est le vert. De cela, du reste, l’homme n’avait plus ni rancœur, ni dépit, mais que d’autres se plussent à jouer la comédie de l’humilité, dans le secret espoir que la maladie ferait sourdre une source miraculeuse, cet opportunisme