Page:Crevel - Êtes-vous fous?, 1929.djvu/79

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Quelle fricassée de cuisses ! Les jumelles en pleurent de rage. Vengée, leur mère se délecte d’une victoire aussi douce à son cœur qu’à la caresse de ses doigts, les cheveux frisés, les lèvres, les longs cils battants et surtout, très bas, protégé par la douce peau du cou, un chignon de muscles.

Pardonné, le Napolitain se relève, va remettre de l’ordre dans son vêtement quelque peu dérangé par les exploits qui l’ont réhabilité. Il revient avec sa mandoline et chante « O sole mio ». Alors, sous le corsage que ragrafe la mieux satisfaite des veuves qui rôtissent le balai, un paon blanc fait la roue. De son corps, figuré par le nombril, s’épanouit, étincelle un demi-cercle de givre et de glace. Quant aux jumelles, impossible qu’elles-mêmes ne s’émeuvent aussi à ces ténorinades d’une bouche en cul-de-poule, œufs dont se cassent les coquilles pour de fragiles naissances d’oiseaux couleur d’aquarelle, qui, bien sûr, ne sont pas les hirondelles des simples beaux jours fredonnant :