Page:Crevel - Êtes-vous fous?, 1929.djvu/98

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faire parler la vieille Rosalba. Vos tristesses, je les comprends d’autant mieux que je suis, moi aussi, une sensitive. J’ai déjà pleuré sur toi…

Pleuré sur toi… pleuré sur toi…

Ainsi une pendule, douze fois, fêle la sombre porcelaine de minuit. Mais l’horloge martelant l’insomnie, et, de même, la simple montre chatouilleuse, finissent toujours par se taire, Yolande, elle, n’arrêtera-t-elle donc pas de secouer l’arbre à sanglots ? Des branches hystériques les fruits aqueux tombent, s’écrasent à terre. Encore un silence. Yolande se lassera. Encore un autre. C’est le dernier. M. Vagualame se frotte les mains. La pique-puce, grignote-rat, fonce-taureau, n’a pas su inventer pour lui, un durable supplice. Bien mieux, la voici jouée au jeu dont elle espérait, pour un autre, une torture. Glu, sa robe au velours traître d’un fauteuil la colle, prisonnière et de sa propre peau. Derrière les barreaux des clavicules, contre la cage de squelette. va s’exaspérant un frisson d’oiseau captif. Déjà ne sont plus que filet d’esclavage, inexorable camisole