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Car il a peur d’oublier le goût de bouche.
Timonier brun, sous la toile bleue
La peau couleur de cheveux
Holà ! beau voyageur
Tu allais vers la mer
Maintenant tu marches au ciel, un trou un hublot
Je suis le noyé des terres.
Dis qu’il n’est pas trop tard
Ô mon orgueil, pour jouer au phare.
Et sur le matelas des herbes tendres
Tombe en triangles de métal.
Mon cœur aura beau hurler son mal
Mon cœur j’en ferai des lanières
Des lanières que je saurai teindre
Ou tordre en chiffres
Plus définitifs
Que les œufs dans leurs coquilles
Et les momies dans leur robe d’or,
Et toi mon corps, maudis les sens comme un malade ses béquilles.


1924