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PREMIER AGE DE LA POESIE 55

Leur vie matérielle, dont nous recueillons aujour- d'hui les indices*, nous autorise à nous représenter en quelque mesure une vie intellectuelle et morale qui en était refilorescence. Quand on voit les arts décoratifs, bien que relevant en grande partie de rhabileté manuelle, manifester, si longtemps avant la période historique, l'existence d'un goût déjà cultivé et jusqu'à un certain point indépendant, on se sent disposé à croire que d'autres arts, où l'esprit seul est en jeu, n'étaient pas alors complètement ignorés.

Et en effet la poésie se laisse entrevoir dans cette période obscure sous deux formes principales : l'une plus libre, à laquelle appartiennent les chants de deuil et d'hyménée, les péans, les thrènes ou lamen- tations, et quelques mélodies populaires accompa- gnées de paroles plus ou moins expressives; l'autre plus régulière et presque hiératique, qui est celle des hymnes. La première contient déjà en germe quelque chose de ce qui sera plus tard la poésie lyrique; nous en parlerons plus loin. La seconde n'est autre chose que le commencement même de la

1. Collignon, Archéologie grecque, p. 18 : « La civilisation de f ce peuple est empreinte d'une grandeur barbare; Tor est pro-

• digue dans les sépultures des chefs achcens de Mycènes. » L'influence orientale est sensible dans quelques-uns des bijoux trouvés à Mycènes par M. Schlicmann dans les fouilles qu'il com- mença en 1874; mais i le plus grand nombre de ces objets est le c produit d'une industrie locale et accuse un style encore rude et

• imparfait. Tels sont les vases d'or,, un grand plastron de même f( métal, et les boutons d'or repoussé et ciselé, qui décoraient les I objets de bois ou de cuir, comme les pommeaux d'épée. Ces € monuments offrent un système d'ornementation très original...

• C'est le même système qui prévaut sur les poteries faites au f tour et décorées de peintures, trouvées dans les tombeaux; or « l'origine locale de ces vases ne saurait être douteuse. •

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