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90 CHAPITRE PREMIER — LES ORIGINES

mîmes se sont reflétées dans des fictions à demi réelles. Tantôt on a fait d'un seul personnage le représentant de tout un peuple, tantôt on a réuni dans les légendes plusieurs héros comme un intérêt commun les avait réunis dans la réalité. C'est ainsi que naquirent les récits relatifs à la guerre des La- pithes,aux deux guerres de Thèbes, à la chasse de Méléagre, et beaucoup d'autres dont nous retrou- vons Cet et là la trace. La plupart sans doute sont antérieurs à la colonisation de l'Asie Mineure, du moins sous leur forme primitive. Mais dans l'igno- rance absolue où nous sommes de ce qu'ils étaient alors, il doit suilire de les mentionner ici.

L'essor d'imagination auquel donnèrent lieu les grands mouvements de peuples signalés plus haut développa considérablement ces légendes héroïques primitives. Les émigrants emportaient avec eux leurs traditions; et, en les mêlant les unes aux autres ou simplement en les comparant entre elles, ils les enrichissaient. En outre, la grandeur même de leurs entreprises et de leurs établissements nou- veaux exerça naturellement son influence sur les fictions et les souvenirs qui remplissaient leur esprit. Beaucoup de légendes anciennes grandirent alors tout simplement parce que ceux qui en étaient les héritiers avaient grandi eux-mêmes. A mesure (|ue les iils prenaient une plus haute idée d'eux- mêmes, ils attribuaient à leurs pères des exploits plus merveilleux. Tydée a du gagner ainsi aux succès des descendants de Diomède, et Agamenmon a profité de la hardiesse des chefs qui se disaient issus de son sang. La gloire remonte aussi bien qu'elle descend. La guerre de Thèbes est devenue plus sanglante à mesure que la fiction a rendu plus longue el plus terrible celle <le Troie, et celle-ci à

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