LIVRE XIX 157
chercher et tuer Hector, malgré la prophétie effrayante de son cheval Xanthos doué pour un instant de la parole. Qu'est-ce donc en somme que ce XIX° livre? Un ensemble médiocre, dans lequel sont encadrés deux morceaux importants : la Béconciliation au début et V Armement d'Achille à la fin. Le premier peut être regardé comme plus ancien que le reste du livre, à condition d'admettre que le discours d'Agamemnon a été largement interpolé *. Mais faut-il l'attribuer à l'auteur même de la Querelle? Si VIliade a été dès l'origine un poème continu, une scène de réconci- liation y était nécessaire, et c'est pourquoi les parti- sans de cette opinion considèrent généralement celle que nous possédons comme un débris de la scène primitive. A vrai dire, rien dans le texte ne nous paraît de nature à appuyer cette hypothèse. Le per- sonnage d'Achille n'y est certainement pas celui que nous attendons. On a peine à croire que l'auteur de la Querelle l'eût représenté si apaisé et que la nou- velle passion — puisque c'est elle qui dompte l'an- cienne — ne se fût pas exprimée plus fortement dans son discours. Toute la scène des présents et des ser- ments qui suit la réconciliation est en rapport étroit avec celle de V Ambassade du livre IX. Toutefois il y est parlé de l'ambassade comme si elle avait eu lieu la veille (v. 145 et 195), tandis que d'après le poème elle a eu lieu effectivement l'avant-veille. Ce détail indique peut-être qu'au moment où la Réconciliation a été composée, VIliade n'était pas encore complète- ment formée et que par suite la chronologie des évé-
��1 . Il faudrait en retrancher toute la légende de la naissance d'Héraclès (v. 91-136). Nous avons déjà vu au livre XV combien les légendes d'Héraclès avaient eu d'influence sur Ibs interpo- lations de VIliade.
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