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LIVRES XX ET XXI 159

nion assez commune, nous serions plutôt tenté d'y voir la raison d'être de tout l'épisode. — Il n'y a en somme que la fin de ce vingtième livre (v. 381-503) qui puisse sembler au premier abord appartenir au récit primitif. Le poète nous y montre Achille chas- sant devant lui la foule des Troyens qu'il massacre et rencontrant enfin pour la première fois Hector, qui est dérobé à ses coups par Apollon. Mais dans ce morceau même, le principal épisode, c'est-à-dire le Qombat d'Achille et d'Hector, est fait d'imitations, et il en est de même de la description finale qui nous fait voir le char d'Achille écrasant les morts et tout rougi de sang. En outre le merveilleux y pré- sente le même caractère d'invraisemblance inutile et d'exagération que dans le morceau précédent*. Nous serions porté à croire en conséquence que cette par- tie du récit a été ajoutée au combat d'Achille et d'Enée comme introduction aux scènes suivantes.

Le Combat près du fleuve fait suite en effet d'une manière immédiate à cette description. Achille porte çà et là le carnage sur les bords du Xanthe et dans le lit même du fleuve. Il tue le Thrace Astéropée. Le fleuve alors s'irrite contre lui, et comme Achille le brave, il cherche à l'engloutir sous ses eaux sou- levées. Achille fuit; le Xanthe le poursuit; bientôt même il appelle à son aide le Simoïs : les deux fleuves débordent, inondent la plaine, roulent les cadavres et les armes. Achille périrait sans l'assistance des dieux; mais Héphaestos, sur l'ordre d'Héré, vient

��1. Le trait lancé par Hector est détourné par le souffle d'Atbéné» tandis qu'au Y« livre, c'était avec la main que la déesse écartait de Diomède la lance d'Ares (v. 853), et de plus le trait ainsi détourné revient en arrière à son point de départ (v. 437-441). Ce sont là des indices d'un goût fort différent.

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