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REFLEXIONS PRELIMINAIRES 173

débat obscur où les conjectures ont trop de part, voici un fait qui subsiste et qui a une importance capitale. Quand même on admettrait que VIliade a pu ôtre écrite dès l'origine ou partiellement notée — ce qui est après tout extrêmement douteux, — il est bien certain du moins qu'elle n'a pas été faite pour être lue. Or c'est là le point capital. L'écriture, pendant longtemps, n'a pu être chez les Grecs qu'un moyen mnémonique : il n'y avait ni livres à propre- ment parler ni lecteurs. Gela suffit pour qu'il soit certainement difficile de concevoir ce que l'auteur d'un si long poème aurait bien pu se proposer.

Pour assigner à son immense travail un but rai- sonnable, on doit imaginer de grandes récitations continues analogues à celles qui avaient lieu plus tard à Athènes aux fêtes des Panathénées. Il fallait des occasions de ce genre pour que le poème pût se produire dans son entier ; et s'il n'avait dû être livré au public que partiellement, la construction labo- rieuse d'un si vaste ensemble était superflue. Mais ces grandes récitations, si nécessaires à l'hypothèse de l'unité primitive, nous ne les voyons mentionnées nulle part. VOdyssée, qui met en scène des aèdes, avec l'intention manifeste de montrer leur art dans toute sa splendeur, ne connaît rien de semblable. Et quand ces récitations apparaissent dans l'histoire, elles nous sont présentées comme une innovation dont on fait honneur soit à Solon, soit a un fils de Pisistrate *. La croyance à l'unité primitive de VIliade

��mant, art. Alphabetum dans^le Dict. des Antiquités de Daremberg et SagJio. Consulter aussi Nilzsch, De Historia Homerij fascicul. prior, et Bergk, Gesch. der griechisch. Liter.y t. I, p. 185.

1. Diog. Laerce, Solon^ 57. — [Platon], Hipparque, p. 228, B :

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