Page:Croiset - Histoire de la littérature grecque, t1.djvu/277

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée

PART DU SENTIMENT 227

« à nous en réjouir, car Zcus l'assembleur de nuages « est aujourd'hui pour les Troyens et contre nous *. » Voilà la vérité. Il y en a vingt exemples dixnsV Iliade, Ajax lui-même, l'intrépide Ajax, a peur. Tous ces héros, si forts et si vaillants qu'ils soient, sont pour- tant des hommes, et le poète nous en fait souve- nir à propos, afin que nous nous attachions à eux davantage. S'il en est ainsi des chefs illustres, que dire de ces combattants nombreux et obscurs qui s'agitent sur le champ de bataille et tombent le plus souvent sous leurs coups? La grande foule anonyme elle-même se compose d'hommes, et le poète ne dédaigne pas de peindre leurs sentiments. Il nous fait sentir ces larges et puissants courants d'exaltation on de terreur qui passent sur les multitudes, et par là il nous intéresse à elles. Les armées homériques ont une àme collective.

« Eris poussa une clameur terrible et aiguë, et elle mit au cœur de chacun des Achéens une courageuse ardeur de com- battre et de s'obstiner à la lutte. Soudain la guerre leur de- vint plus douce que le retour sur les vaisseaux creux vers leur chère patrie^. »

Véritable ivresse de sang et de gloire, à laquelle s'oppose un peu plus loin le tableau de la terreur des Troyens fuyant devant Agamemnon.

« Atride s'acharnait à la poursuite, encourageant les Danaëns à grands cris. Les Troyens, fuyant le long du tombeau d'ilos, antique Dardanide, couraient à travers la plaine en passant près du figuier, presses d'atteindre la ville. La clameur d 'Atride s'élevait sans cesse derrière eux, car il volait sur leurs traces.

��1. Iliade, XI, 319.

2. JUade, XI, 10.

�� �