Page:Croiset - Histoire de la littérature grecque, t1.djvu/286

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée

236 CHAPITRE IV. — L'ART DANS L'ILIADE

récume soulevée par le vent vole dans les airs, tandis que la rafale se déchaîne en mug^issant. Ainsi Hector renversait devant lui cette foule de têtes serrées *.

��Il faudrait multiplier à l'infini ces exemples pour donner une idée exacte de la variété de choses qui figurent ainsi dans Y Iliade incidemment. Nous devons à cette façon d'illustrer le récit beaucoup de rensei- gnements intéressants sur la vie contemporaine. El ce rapprochement perpétuel de la réalité et de la fiction , si intimement associées l'une à l'autre , contribue à donner à Pensemble un air de vérité qui nous charme.

Un autre ornement du récit homérique, ce sont les discours nombreux prêtés aux personnages ; ces discours font de la narration une sorte de drame. C'est l'imitation de la vie réelle qui les a introduits dans l'épopée ; et par suite, il y en a, comme dans la vie réelle, de publics et de privés. Souvent le poète représente ses personnages s'entretenanl les uns avec les autres, s'exhortant mutuellement, se défiant sur le champ de l)ataille ou se faisant connaî- tre de leurs adversaires ; les paroles qu'il leur prête ne sont pas alors des discours à proprement parler, c'est sim|)lement Texprossion spontanée de leurs sentiments. Mais, à côté de ces entretiens, il v a de véritables discours publics. Les chefs délibèrent entre eux et exposent leurs opinions dans le conseil, ils s'adressent au peuple* assemblé et ils discutent devant lui, ou bien encore ils vont porler officiel- lement comme ambassadeurs des pro|)ositions au nom de tous. Nous trouvons là Timage des mœurs du temps. Il y avait déjà une éloquence publi(|ue

��1. Iliade, XI, 304 et suiv.

�� �