Page:Croiset - Histoire de la littérature grecque, t1.djvu/36

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
XXII
PRÉFACE

On sait quel grand mouvement intellectuel suivit cet éveil du siècle. De 1810 à 1830, l’esprit historique se développe et règne partout, non seulement dans l’histoire proprement dite, à laquelle il apporte le mouvement, la couleur et la vie, mais aussi dans la philosophie, dans les arts, dans la littérature. Dès le premier quart du xixe siècle, il semble qu’une histoire de la littérature grecque telle que Bacon l’avait demandée pouvait être écrite ; sinon une histoire définitive (il n’y a rien de définitif dans la science), du moins une histoire qui mît en œuvre les matériaux accumulés par les siècles précédents en les vivifiant par l’esprit nouveau. Pour cela, il fallait un homme qui réunît en lui-même le savoir exact des érudits à la puissance d’évocation et de résurrection que l’école historique moderne réclamait. Malheureusement l’érudition classique, en France, était languissante. Il semblait d’ailleurs qu’elle se défiât d’un mouvement littéraire qui avait l’air d’être plus romantique que classique. Elle ne comprit pas tout de suite que l’orientation générale de l’esprit moderne était changée, et que le goût classique, en devenant plus libre, allait devenir en même temps plus vif. Cependant la préoccupation de l’histoire était désormais trop générale pour que le besoin d’un livre où le développement de la littérature grecque serait retracé dans son en-

    générale des idées littéraires, mérite pourtant ici un souvenir pour les pages qu’il a consacrées à Homère dans son livre De la Religion. On pourrait aussi, sans sortir du même cercle, nommer l’allemand Auguste-Guillaume Schlegel pour son Cours de littérature dramatique.