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XXIV
PRÉFACE

fois, chez cet érudit si exact, chez cet historien si bien informé, un esprit classique quelque peu timide ; il n’ose pas toujours être aussi grec que nous le voudrions ; il a trop de retours involontaires et de regards en arrière vers le théâtre secondaire et insignifiant du XVIIIe siècle ou vers celui des classiques du XIXe. Mais quelle copieuse et saine érudition ! Quel goût délicat et profond, et déjà rendu libéral par la connaissance précise de l’histoire ! Malheureusement, ni M. Patin ni quelques autres, qui l’auraient pu faire, ne songèrent à nous donner l’ouvrage qui nous manquait, et l’Allemagne prit les devants.

Là, les traditions érudites étaient restées vivantes. Quand la renaissance de l’esprit historique se produisit, elle ne trouva pas, comme en France, une société étrangère aux choses de l’antiquité, des collèges encore tout ébranlés par les secousses violentes de la politique, des maîtres qui ressaisissaient avec peine le fil rompu de la tradition des jésuites, et que leur éducation préparait mal à accepter des idées suspectes d’alliance avec le romantisme et par conséquent d’hostilité contre les classiques du XVIIe siècle. En Allemagne, les Universités étaient restées des foyers philologiques toujours actifs. Elles avaient conservé les traditions laborieuses du XVIe et du XVIIe siècle. Elles continuaient de laisser une forte empreinte sur tous les esprits. Ceux-ci, quelque hardis et novateurs qu’ils fussent, gardaient l’accent, pour ainsi dire, de leur pays intellectuel, de l’Uni-