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LES DIEUX 385

qui dénote certainement un progrès des idées entre les deux poèmes.

A ces remarques générales, on pourrait ajouter beaucoup d'observations de détail qui appartiennent plutôt à la mythologie qu'à l'histoire littéraire. Il suffira de signaler ici d'un mot les principales. Iris porte les messages de Zeus dans V Iliade ; c'est Her- mès qui remplit le même office dans VOdyssée, Les idées relatives au séjour des morts semblent beau- coup plus précises dans le second poème que dans le premier. Les manifestations des dieux elles-mêmes y sont différentes. V Iliade montre volontiers leur puis- sance sous une forme plus sensible et par conséquent plus matérielle. Nous y voyons Apollon descendant à grands pas de l'Olympe et semblable à la nuit; nous entendons le bruit de son carquois ; Ares est un guerrier gigantesque, dont le cri est égal à celui de plusieurs milliers d'hommes ; Héré terrifie aussi ses ennemis par la puissance de sa voix ; Poséidon par- court les mers sur un char magnifique, suivi de tout un cortège monstrueux et fantastique. Cette façon de réaliser en quelque sorte la puissance des dieux, de la mesurer aux sens de l'homme et de la lui faire voir ou entendre, est familière aux poètes de V Iliade ; elle s'offre d'elle-même à leur imagination. Si au contraire elle apparaît çà et là dans V Odyssée, c'est à l'état de souvenir, dans des descriptions tradition- nelles ou dans des passages imités, mais elle ne s'y rajeunit plus dans des créations nouvelles, parce qu'elle a cessé de répondre au sentiment public. D'un poème à l'autre, l'intervalle s'est fait plus grand entre le ciel et la terre.

Le rôle d'Athéné est particulièrement à considé- rer dans V Odyssée. Nous ne voyons pas dans V Iliade une divinité liée avec un mortel par une sympathie

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