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XXXI
PRÉFACE

thode scientifique que l’esprit contemporain est devenu quelque peu réaliste en tout. La critique littéraire ne saurait échapper à cette loi. Les portraits d’O. Müller sont beaux et ressemblants ; ils n’ont pas toujours ce caractère intime, cet accent familier qui rend la ressemblance criante. Au risque de n’être pas toujours optimiste, il faut être vrai.

Enfin les besoins à satisfaire, en matière d’histoire littéraire, sont assez différents pour qu’un seul ouvrage puisse difficilement répondre à tous. Il faut toujours faire un choix ou prendre une route moyenne. Si l’on s’attache à développer l’exposition des idées générales, il est difficile que la bibliographie ne soit pas sacrifiée. Si l’on étend la bibliographie, l’ouvrage devient peu lisible. O. Müller est extrêmement sobre d’indications bibliographiques. En eût-il donné davantage, elles seraient aujourd’hui arriérées et par conséquent insuffisantes.

Par toutes ces raisons, même après O. Müller, il restait quelque chose à faire, et la carrière demeurait ouverte. De nombreux savants s’y sont engagés, mais à l’étranger plutôt qu’en France. Ce n’est pas qu’en France même les beaux et utiles travaux nous fassent défaut. Et, par exemple, pour ne citer que les plus considérables, il est certain que les Études sur les Tragiques grecs de M. Patin, constamment remaniées et améliorées dans plusieurs éditions successives, et, depuis, les travaux de M. J. Girard, qui forment aujourd’hui quatre volumes (Sentiment religieux, Poésie grecque, Éloquence attique, Thucydide) tous