Page:Croiset - Histoire de la littérature grecque, t1.djvu/463

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chose du moins est certaine; c’est que les rhapsodes, comme les aèdes, récitaient des morceaux épiques divers, qu’ils ajustaient les uns aux autres de manière à en constituer des groupes. Voilà pourquoi Pindare les appelait, en jouant sur leur nom, des chanteurs de « morceaux ajustés »1. Aucune distinction donc ne dut être faite tout d’abord entre rhapsodes et aèdes. Mais peu à peu le mot rhapsode prit une signification plus précise. Tandis qu’on appelait indifféremment aèdes tous les chanteurs, aussi bien ceux qui figuraient dans les funérailles et y faisaient entendre les thrènes funèbres que les interprètes de la poésie épique, le nom de rhapsodes fut attribué

radicaux en question ont pu former le mot ^oL^tû^é^ ; pour échapper à cette difficulté, on avait imaginé le mot ^a68a>$d;, cité par Eustathe, pure fantaisie grammaticale, qui n’est jamais entrée dans l’usage. D’autres, en plus grand nombre, tirent le mot ^a({«a)8o( des éléments pajTTEiv et aoi87{. Ici encore les lois de l’étymologie ne sont guère respectées, car le changement du n en ^ demeure inexpliqué. Au reste, en admettant la possibilité de cette formation, il y a encore doute et divergence sur l’interprétation. Que signifie ^à;cT£iv àoiSTfv ? est-ce assembler des morceaux divers ? ou bien ajuster des vers les uns à la suite des autres de façon à former un discours poétique continu par opposition aux strophes de la poésie lyrique? ou enfin n’est-ce pas tout simplement comy^oser? L’usage homérique du mot P«7:t£iv confirmerait plutôt cette dernière hypothèse. ’PaTcreiv, en poésie, signifie, d’après le Lexique d’Apollonios, combiner^ produire quelque chose par combinaison ((jL£xa^op’.xc5; (jL7]yavaaOai xai xaTaax£ua!^£iv), et on trouve, dans Homère, xaxà 6oé7rr£iv xivc (Od., III, 118; XVI, 423; Iliade, XVIII, 367), (povov, BavaTov, [idpov fa7i:T£iv {Od.j XVI, 379, 421). Le rhapsode, en ce sens, ne serait autre chose qu’un poète. C’est avec cette signification sans doute que l’expression ^ocjcxetv aoiB7[v figure dans les vers attribués à Hésiode par le scoliasle de Pindare (Ném.j II, 1) : *Ev At[X(i) xote np&xoy iyù} xal "OiJLTjpo; doiÔoi — MA7:o[xev, cv vEapot; Cjivoiç faij*avx£ç âoi8ï(v, — 4>oî6ov ’XitéXktava y^puaaopov, 8v xéxs. ATjTtiS.

1. Ném., II, 1 : Pa:rcwv eju^wv... âoiSo^