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CARACTERES GENERAUX 461

Cette poésie n'appartient pas à une école \ Ses représentants sont en général étrangers les uns aux autres, et plusieurs d'entre eux semblent avoir cultivé simultanément les deux genres que nous opposons l'un à l'autre. Mais, chose remarquable, presque tous sont originaires de la Grèce continen- tale : ils sont béotiens, locriens, corinthiens, la- cédémoniens. Au contraire, comme on l'a vu, la poésie homérique, par ses origines et par son prin- cipal développement, appartient à la Grèce d'Asie, elle vient de Kymé, de Chios, de Colophon, de Mi- let. Opposition frappante : d'un côté une poésie brillante, capricieuse, pleine de liberté et d'essor, œuvre des Grecs d'Asie ; de l'autre une poésie sen- sée, recueillie, moins libre d'imagination, mais plus mordante et plus spirituelle, œuvre des Grecs du continent. Quelque chose en somme comme le con- traste de deux tendances innées et profondes, vrai- ment helléniques toutes deux, qui semblent tout d'abord bien plus séparées qu'elles ne le sont réel- lement, mais qui, en se développant, s'appelleront mutuellement pour se confondre dans les œuvres de l'âge suivant.

Il est admis aujourd'hui d'une manière à peu près unanime que l'essor de la poésie didactique de la Grèce continentale est postérieur en date à celui de la poésie homérique. Nous toucherons plus loin à cette question de chronologie. Mais dès à présent, il est bon de faire remarquer, pour l'intelligence de la poésie hésiodique, que cela résulte en quelque sorte de la comparaison même de leurs caractères

��1. La notion inexacte d'une école hésiodique a été détruite par G. Marckscheffel dans un livre que j'aurai souvent l'occasion de citer, Hesiodij Eumelif Cinaelhonis, etc., fragmenta, Leipzig, 1840.

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