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488 CHAPITRE XI. — LES TRAVAUX ET LES JOURS

france s'est appesantie sur Thuinanité. Le mythe des cinq Ages du monde (v. 108-201) a au fond la même signification : sorte d'histoire fabuleuse du monde s'enfonçant peu à peu dans les ténèbres et dans la misère ; il en ressort que la condition de la vie hu- maine, c'est une lutte constante contre des maux inévitables. V apologue de tépervier et du rossignol (y. 202-212), condamnation de la violence et de l'injus- tice, sert indirectement à montrer encore que le tra- vail est le seul moyen de s'enrichir. Enfin un paral- lèle dramatique entre les Bienfaits de la Justice et le Mal de la Violence (v. 213-264); le poète y donne à ses idées une consécration religieuse, en représen- tant la surveillance exercée secrètement sur les hommes par les trente mille gardiens invisibles qui parcourent sans cesse la terre au nom de Zeus (v. 248-255). Quelques admonitions spéciales (265-335) se ramènent à la même pensée. Tel est, pour ainsi dire, le corps de la première partie, dépouillé de ses accessoires \

Tout cette première partie, sauf les recommanda- tions de la fin, est étroitement rattachée à la donnée dramatique du poème, c'est-à-dire au dissentiment d'IIésîode et de son frère Perses. Le nom de Perses y revient fréquemment, et les allusions à la situation respective des deux frères y sont môlccs au dévelop- pement. Elle porte donc la marque personnelle de l'auteur. Si l'unité fondamentale n'en est pas très apparente, elle se laisse néanmoins sentir, comme

1. Nous y trouvons en outre au début une sorte d'hymne en l'honneur de Zeus (v. 1-10), débris probable d'anciennes poésies, que nous avons précédemment cité comme tel (voir plus haut, p. 78), et à la fin (v. 336-383) une série de recommandations déta- chées, qui n'ont vraiment que des rapports très incertains avec la pensée principale.

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