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570 CHAPITRB XU. * LA THÉOGONIE

sent été impossibles, si la versification de la Théogonie n'avait quelque chose de monotone. La phrase poé- tique y est sans cesse jetée dans le même moule et elle s'enferme d'elle-même dans une mesure à peu près constante. Il est probable que cette mesure est celle de la pensée même du poète : il a l'haleine un peu courte, et chacun de ses développements s'achève naturellement en un morceau énumératif qui ne dépasse guère trois ou cinq vers. Les strophes artificielles qu'on lui a imputées ne sont donc en réalité que des groupes d'idées spontanément for- més. Et toutefois, on peut aller plus loin encore. Cette monotonie involontaire a bien pu s'imposer quelquefois à un poète qui aimait évidemment la symétrie et la régularité en toute chose. Ce qu'il avait fait sans y penser et sans le vouloir en maint passage de son œuvre, il peut l'avoir pratiqué avec intention dans quelques développements dont la nature même comportait ce genre d'arrangement\ Il n'y a que les conjectures systématiques et inflexi- bles qui soient condamnables en pareille matière, parce qu'elles conduisent à faire violence au texte; toutes celles qui tiennent compte de la liberté du poète et de la variété probable de ses intentions sont acceptables.

On voit assez par tout ce qui précède que la rAeo- gojîie^ malgré ses mérites, ne saurait être mise sur le même rang que les Travaux. Elle n'en a pas moins une très grande importance dansThisloire littéraire. On en jugera par le nombre des poèmes généalo- giques qui se groupent naturellement autour d'elle, et dont il nous reste à dire quelques mots.

1. Par exemple dans rénumération des unions de Zeus (886-929), où la symélrie des faits appelle naturellement celle de la forme.

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