Page:Croiset - Histoire de la littérature grecque, t2.djvu/231

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée

ciation pouvait être justifiée en partie par ce que le poète y disait sans doute du prix de la liberté et des maux causés par le despotisme:

Les hommes courageux sont le rempart de la cité 1.

Mais ce qui nous frappe aujourd’hui surtout dans le petit nombre de ces vers, c’est la violence de l'esprit de parti et l'ardeur de l'invective. Strabon, d’ailleurs, en jugeait déjà de la même manière : car il parle des insultes continuelles jetées par Alcée à tous les maîtres de Mitylène, au sage Pittakos aussi bien qu’aux tyrans véritables, quoique le poète lui-même ne fût pas pur d’entreprises analogues ^ La mort du tyran Myrsilos lui arrache un cri de joie sauvage :

C’est maintenant qu’il faut s*enivrer, maintenant qu’il faut boire à outrance, puisque Myrsilos est mort 3.

Même passion contre Pittakos, qu’il insultait dans un scolie :

Le misérable Pittakos, dans la cité divisée et malheureuse, a été fait tyran au milieu d’un concert d’éloges *.

Le plus long des fragments d’Alcée est consacré à la description d’une demeure où l’on s’apprête pour le combat ; s’il s’agit là, comme on le croit généralement et comme cela semble probable, d’un combat contre le parti adverse, on peut dire que jamais la guerre civile n’a inspiré enthousiasme plus féroce :

1. Fragm. 23.

2. Strabon, XIII, p. 617 : ’AXxaïoc oùv à\ioi^ç xal touto) (tô nctTaxô) fcXoiSopsîTo xai ToT; àX>.oic...., où5^ aûxb; xaOapevcov tôjv toiovtcov vecûre- pt(T|Jl(tfV.

3. Fragm. 20.

4. Fragm. 37, A (dans Aristote, loc. cit.) ; il y a quelque incertitude sur le sens précis de deux ou trois détails.